"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


samedi 3 janvier 2009

Dean & Jerry

J'ai lu entre hier et aujourd'hui Dean & Me, A Love Story, le livre que Jerry Lewis a consacré aux dix années, de 1946 à 1956, pendant lesquelles il a formé, avec Dean Martin, l'un des duos en son temps les plus célèbres de toute l'histoire du show-business américain. La formule de leur numéro était simple: Jerry Lewis était le clown, Dean Martin le straight guy, le crooner beau garçon réagissant avec nonchalance aux pitreries de Lewis.
C'est donc l'histoire des dix années que dura ce compagnonnage que Jerry Lewis raconte, de façon assez touchante. On sent qu'il ne s'est pas agi pour lui que d'une aventure professionnelle mais aussi, ainsi que le dit le titre, d'une véritable histoire d'amour, entre lui et Martin, de dix ans son aîné, en qui il voyait une sorte de grand frère. Une histoire dont la fin, comme celle de toute relation importante, fut douloureuse pour l'un et l'autre.
On y apprend aussi une foule de petites choses intéressantes.
Au sujet des liens supposés de Sinatra avec la maffia, par exemple, Lewis dit que "in the 1940s and '50s, before the Mob lost its hold on nightclubs and Vegas, it was literally impossible for an entairtainer, any entertainer, not to deal with them" ("dans les années 40 et 50, avant que le milieu perdre son emprise sur les lieux de divertissement nocturnes et Las Vegas, il était absolument impossible pour un artiste, quel qu'il soit, de ne pas entretenir de rapports avec eux").
Sinatra n'aurait pas eu de liens spéciaux avec la maffia, pas plus que bien d'autres en tout cas, la seule différence le concernant résiderait dans le fait que lui aimait à se vanter de ce genre de liens de façon un peut puérile, pour se donner des airs.
Ce qui est intéressant également, c'est l'interprétation "historique" que Lewis donne de leur immense succès dans les années d'après-guerre : d'après lui, il s'explique par fait que la société américaine extrêmement corsetée de ces années-là avait besoin d'un exutoire, et que Lewis et Martin furent en mesure de le leur fournir. Cette explication vaut ce qu'elle vaut évidemment, mais elle nous rappelle opportunément, comme je l'ai dit dans des billets précédents, l'atmosphère de fort contrôle moral et social qui régnait aux Etats-Unis après guerre, qu'il vaudrait la peine d'envisager de façon comparative avec ce qui se passait en URSS à la même époque.

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