"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


jeudi 15 janvier 2009

Le contrat social comme si vous y étiez

Ce qu'il y a d'intéressant, quand on lit les journaux locaux, c'est qu'on est tout de suite dans l'essentiel, car on est au plus près des préoccupations réelles des gens du commun.
Le journal local se droit d'appliquer à la lettre le principe qu'on enseigne dans toutes les écoles de journalisme, à savoir que le degré d'intérêt d'une information pour un lecteur dépend directement de l'influence concrète qu'elle a sur sa propre vie.
J'en trouve un exemple dans l'édition de 24 heures d'aujourd'hui.
Le journal fait sa une sur une interview du Procureur du Canton de Vaud, lequel a suscité des polémiques en déclarant récemment, à la suite d'un épisode controversé d'autodéfense, que seule la police était habilitée à retenir quelqu'un physiquement. Certains lecteurs du journal ont écrit pour protester, soutenant que par ses déclarations le Procureur invitait pratiquement les délinquants à ses déchaîner en leur promettant l'impunité etc.
La légitime défense, voici un thème cher à la presse locale et populaire, et pour cause: il touche à l'essentiel, il ne concerne rien moins que la nature et les limites du contrat social.
On est loin ici des mornes débats sur les questions sociétales qui remplissent les colonnes de la presse highbrow, des journaux qui se sont proclamés "de référence".
Et pourtant, on est coeur des questions essentielles qui ont retenu l'attention des grands philosophes de la politique.
Oui, c'est du contrat social qu'il s'agit, et ces polémiques récurrentes concernant la légitime défense dont la presse populaire se fait l'écho et le vecteur, ne sont rien d'autre qu'une sorte de renégociation rituelle du contrat social, qui permet de redéfinir clairement les droits et les devoirs respectifs de l'Etat et des citoyens.
Bref, la fiction juridique du contrat social prend corps dans les pages des journaux de province.

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