"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


mardi 13 janvier 2009

Souffrance et souffrance

Nul n'a le monopole de la souffrance, observe un commentaire concernant l'un de mes billets d'hier. Certes, mais je crois fermement que, du point de vue moral, toutes les souffrances n'ont pas la même signification ; toutes les souffrances ne se valent pas.
Et dans le cas spécifique de la Seconde Guerre mondiale, je crois que le temps ne sera venu de faire droit aux souffrances endurées par les Allemands, que lorsqu'on aura reconnu pleinement celles de leurs victimes.
Or, ce n'est pas le cas., loin de là. Si le génocide des Juifs est reconnu dans son horreur, les terribles souffrances infligées au peuple soviétique par les armées nazies, le lourd tribut payé par l'URSS dans sa lutte contre Hitler, sont complètement occultées dans le récit de la Seconde Guerre mondiale qui a cours dans les pays occidentaux.
Donc, je le maintiens, même en adoptant la perspective purement compassionnelle qui prévaut aujourd'hui en matière d'histoire (en toute matière à vrai dire), il nous faut réparer cette injustice faite aux peuples de l'URSS avant de songer à nous apitoyer sur le sort des Allemands eux-mêmes.
Que, dans l'absolu, un nombre important de ces derniers aient été eux aussi, dans une certaine mesure, les victimes de l'aventure hitlérienne, je le crois. Mais d'autres l'ont été dans une pleine et terrible mesure, d'autres l'ont été sans appel, et c'est à eux que doit aller d'abord la compassion qui aime tant à s'exercer aujourd'hui. Compassion qui cache d'ailleurs souvent une terrible sécheresse morale. Bernanos écrit quelque part que l'homme d'aujourd'hui a la tripe sensible mais le coeur dur. Je crois que ces paroles n'ont rien perdu de leur vérité depuis qu'il les a écrites.

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