"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


lundi 23 février 2009

Retour sur Renan

Je crains de n'avoir pas bien marqué dans mon billet sur Renan hier en quoi consiste exactement l'originalité de sa position.
J'essaierai maintenant de mieux préciser ma pensée.
Cette originalité est double.
Elle tient d'abord au fait que Renan, pour juger des bienfaits d'un régime politique, ne feint pas d'adopter un point de vue universel (l'Ordre divin à droite, le Bonheur du peuple à gauche) mais prend comme critère la condition faite à l'intellectuel sous ce régime, autrement dit le sort réservé à la catégorie à laquelle il appartient.
(Même s'il est vrai que ce point de vue particulier est en quelque sorte universalisable puisque Renan semble poser le progrès spirituel comme vocation de l'espèce humaine dans son ensemble).
La seconde originalité consiste en ce que, tout en étant conscient des travers de la démocratie, Renan n'en conclut pas moins qu'elle pourrait bien être somme toute plus favorable au développement de la pensée que l'ancien régime qui, s'il reconnaissait l'excellence intellectuelle et artistique, fixait toutefois des bornes étroites à l'exercice de la pensée et à la liberté de création.
Rappelons que lorsque Renan parle de démocratie, ce n'est pas tant à une forme de gouvernement particulière qu'il songe que, fidèle en cela à Tocqueville, à un certain état social caractéristique de la modernité: est démocratique toute société égalitaire, autrement dit toute société qui, même si elle ne réalise pas l'idéal d'égalité, est travaillée par cet idéal et rejette l'idée que les inégalités sociales soient fondées en nature.

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