"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


mardi 24 février 2009

Quelques réflexions post-prandiales

Une culture, une civilisation a besoin pour exister de se croire supérieure, de se percevoir comme la seule forme légitime d'existence. Toute culture ne persiste dans l'être que grâce à une certaine mauvaise foi qui lui fait ignorer ou rejeter ce que les autres cultures peuvent avoir de bon.
Toute culture qui commence à douter de sa supériorité est perdue, car en doutant elle perd cette innocence et cette spontanéité qui sont la condition même de son existence.
Or la philosophie, la pensée rationnelle s'élève dès sa naissance, il suffit de relire Platon pour s'en convaincre, contre cette prétention des différentes cultures, des différentes sociétés humaines à exprimer le tout de l'homme. L'essence de la démarche philosophique consiste même précisément, en posant la distinction entre nature et culture, à montrer ce qu'a d'exorbitant la prétention des cultures particulières à vouloir se donner pour la nature.
L'avènement de la raison ne se fait donc qu'au prix d'un certain dépérissement de ce donné historique que sont les diverses cultures, et on est donc en droit de se demander si son règne ne se traduirait pas par un immense appauvrissement de l'expérience humaine.
Car si les différents cultures sont dangereuses dans leur prétention à être la nature même, elles n'en sont pas moins l'ensemble des formes sous lesquelles la vie humaine prend sens.
Idéalement, il s'agirait donc de définir une posologie de la raison, autrement dit une mesure dans son usage, qui permette de préserver les différentes cultures tout en émoussant ce qu'elles ont de tranchant et de belliqueux.

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