"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


mercredi 25 février 2009

Propos à bâtons rompus sur l'égalité

Comme je le disais dans le billet précédent, je suis dans l'absolu favorable à une société plus égalitaire, fût-ce au prix d'une certaine frugalité. (Ne nous voilons pas la face: l'instauration d'une société égalitaire entraînerait nécessairement un abaissement de la création globale de richesse, ce qui n'est pas un mal en soi. Je suis fermement convaincu que la désaffection définitive de la majorité de la population soviétique vis-à-vis du régime n'a pas été due aux crimes dont il s'est taché dans les deux premières décennies de son existence, mais au fait qu'à partir des années 60 il s'est fixé officiellement pour objectif l'élévation du niveau de vie dans un sens consumériste, autrement dit il a adopté les mêmes valeurs que le système capitaliste auquel il était censé s'opposer, et ce faisant il s'est condamné lui-même car, sur le terrain de la production de biens de consommation, le capitalisme est sans l'ombre d'un doute le meilleur système qui soit. Si le régime avait, au nom de valeurs clairement affichées comme opposées à celles du consumérisme, suivi la voie du développement des infrastructures collectives (théâtres, bibliothèques, maisons de vacances etc.), au lieu de produire des voitures etc. de moindre qualité qu'en occident, il aurait peut-être survécu, qui sait?).
Je suis favorable à une société plus égalitaire, disais-je, non pas tant parce que, personnellement, l'inégalité me choque ou que j'éprouve de l'envie pour les plus riches que moi - ce n'est pas le cas, et je suis convaincu que nous devons à l'inégalité qui régnait dans les sociétés du passé, par exemple, une grande partie des oeuvres d'art qu'elles nous ont laissées. Mais j'en suis venu à penser de plus en plus que l'inégalité est mauvaise en ce qu'elle suscite nécessairement des rivalités. Toute société inégalitaire a pour moteur la rivalité entre les êtres, se nourrit du conflit, et engendre le conflit. Seule une société égalitaire pourrait être une société enfin pacifiée.
Enfin, pacifiée, comme je le disais dans le billet précédent, une fois réglée la question de savoir à qui devront échoir en partage les appartements en bord de Seine.

1 commentaire:

dievouchka a dit…

L'égalité ne produit-elle pas un nivellement par le bas ? la moyenne n'est-elle pas la médiocrité ? bon je l'admets, je suis l'avocate du diable. Cependant, lorsque je faisais remarquer à mes amis russes, la "chance" d'avoir un accès facile à la culture, alors qu'elle demeure l'apanage d'une élite en Occident, l'on m'a fait remarquer : à quoi ça te sert d'aller à l'opéra, lorsque tu y es obligé ? Tu perds le goût de tout, et même les fêtes sont ennuyeuses car on te les impose. D'ailleurs qu'est-ce que la culture ? L'URSS (et Karajan également) ont beaucoup fait pour la stéréotypisation de la musique classique. Heureusement que le renoveau baroqueux nous sauvé du pompier. Sinon je vois que vous êtes plus productifs sur votre blog, ça doit être l'approche du printemps, on se sent pousser des ailes. ..