"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


samedi 13 septembre 2008

Aimez-vous Brahms?

Pour revenir à Godard et au film A bout de souffle dont je parlais dans mon article précédent, il est une chose dont je dois lui rendre grâce : la découverte du concerto pour clarinette et orchestre (K. 622) de Mozart. On se souvient que c'est ce concerto qu'un électrophone diffuse, dans la scène finale du film, quand ils sont dans l'appartement et que la police, à laquelle Jean Seberg l'a livré, va arriver d'un moment à l'autre pour arrêter Belmondo. C'est de là que je tiens mon amour pour la clarinette, même si, il faut bien le dire, elle un peu un parent pauvre de la musique dite classique. J'aime, de la clarinette, sa légère stridulence, qui lui confère un je ne sais quoi d'ironique, de distancié ; j'aime cette façon qu'elle a, par constitution pour ainsi dire, de répugner à toute forme de pathos. Si je devais citer des artistes nés sous le signe de la clarinette, les noms qui me viendraient à l'esprit seraient ceux de Watteau pour la peinture et de Laforgue pour la poésie.
Parmi les compositions pour cet instrument, il en est deux que j'aime particulièrement: ce sont les deux sonates pour clarinette et piano opus 120 n°1 et 2 de Brahms, dont j'avais perdu le cd à l'occasion d'un déménagement, et que je viens de racheter dans une nouvelle interprétation de Nicole Kern (clarinette) et Stefano Vismara (piano), parue sous le label allemand Genuin. Ces deux sonates ont été écrites par Brahms au soir de sa vie, ce sont même ses toute dernières oeuvres de musique de chambre. Elles dégagent pourtant un sentiment roboratif de sérénité, et même de joie, veinée seulement d'une imperceptible mélancolie par endroits. J'aime en particulier l'allego amabile qui forme le premier mouvement de l'opus 120 n°2, et qui est d'une grande richesse musicale sous son apparente simplicité mélodique. L'interprétation, pour autant que je puisse en juger, est excellente, même si parfois le débit de la clarinette me semble peut-être un peu trop tendu, me semble manquer de souplesse, de moelleux. Voilà, ce sont deux petits bijoux que je vous conseille vivement, dans cette interprétation ou dans une autre.

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