"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


dimanche 15 mars 2009

A son corps défendant

Je parlais dans le billet précédent de ces contingences corporelles qui peuvent en quelque manière interférer avec notre fruitio, pour employer un beau terme de latin médiéval, des oeuvres artistiques. Qui n'a pas été pris par exemple d'une soudaine et impérieuse envie de faire pipi au beau milieu d'une exposition de peinture? C'est comme si notre corps, alors même que nous sommes occupés à une activité toute spirituelle, prenait plaisir à se rappeler à notre bon souvenir ; c'est comme si notre condition d'êtres incarnés, faillibles, peccables nous était tout à coup jetée au visage, comme les traités de morale d'autrefois se plaisaient à le faire.
On se retrouve tout bête à abandonner la contemplation d'un Rembrandt pour chercher anxieusement le pictogramme des toilettes.
L'expérience inverse peut se présenter. Il peut arriver qu'occupés à une activité toute corporelle nous soyons ramenés, à notre corps défendant pour ainsi dire, à ce qu'il y a de spirituel ou pour le moins d'intellectuel en nous. Il m'est arrivé par exemple, au cours de coïts un peu longuets et, disons-le, ennuyeux, de me mettre bien malgré moi à me réciter (mentalement s'entend) mes conjugaisons allemandes.
Mais probablement s'agissait-il, à bien y réfléchir, de mauvais bons coups.

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