"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


mardi 10 mars 2009

L'Histoire comme processus

L'attribution de la responsabilité de tel ou tel événement moderne à tel ou tel individu ou groupe d'individus est d'autant plus dérisoire que ce qui caractérise la modernité c'est précisément que l'histoire n'y est plus action mais processus anonyme, sans agent ; que nul, quel que soit le rang qu'il occupe dans la sphère sociale, économique ou politique, n'en maîtrise plus les tenants et les aboutissants, tout pouvoir, si pompeux soit-il apparemment, ne s'exerçant plus que dans des bornes très étroites définies par un enchevêtrement de conditionnements qu'on est bien en peine de démêler, d'autant plus qu'ils se transforment avec le temps, et donc pendant même qu'on essaie de les saisir.
Tout un courant de la pensée politique du XIXe siècle, marqué par cette accélération de l'Histoire que la Révolution française et la Révolution industrielle avaient inaugurée, avaient bien perçu ce caractère de processus, mais quelles que fussent par ailleurs les différences entre les représentants de ce courant, ils étaient tous convaincus que ce processus se faisait sous le signe du Progrès et qu'il aboutirait à une sorte d'apothéose finale de l'Humanité.
Le XXe siècle nous a montré ce qu'il en était du Progrès, et il ne nous reste plus que la morose conviction que nous sommes embarqués dans une galère qui va au gré de mille facteurs que nous ne maîtrisons pas: "a tale, told by an idiot, full of sound and fury, signifying nothing".

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