Comme je pense au ski, il me revient en mémoire, par association d'idées, cette matinée d'avril 1974 où, juste revenu de classe de neige après une nuit en autocar, j'entendis à la radio l'annonce de la mort de Georges Pompidou. C'est la raison pour laquelle depuis lors le nom de Pompidou évoque pour moi, si étrange que cela puisse paraître, l'image de paysages alpins enneigés.
(Une autre image que j'associe à celle de Pompidou, c'est, par le biais de leurs sourcils respectifs, celle d'Alain Peyrefitte: tous deux éminences du gaullisme, ils avaient l'un et l'autre des sourcils anormalement fournis, si bien qu'on se prenait à penser qu'il existait on ne savait pas trop quel rapport de cause à effet entre leur qualité de gaulliste et leur pilosité supraciliaire, comme si cette dernière avait été quelque signe secret auquel, tels les membres d'une société secrète, les partisans du Général étaient convenus de se reconnaître entre eux).
Le lendemain de la mort de Pompidou, à l'école, notre instituteur consacra une petite heure à la mémoire du président défunt.
L'un de mes camarades leva la main: il avait entendu dire au journal télévisé que Pompidou était "mort debout", par quoi il fallait entendre bien évidemment que, malgré sa maladie, il avait exercé ses fonctions jusqu'à la fin. Mais cette expression l'avait frappé: je crois qu'elle évoquait pour lui l'image d'un mort qui resterait en station debout, bref un de ces phénomènes qu'on voit habituellement dans les films d'horreur. Et je sentis à la façon dont il posa sa question qu'un tel comportement, venant d'un président de la République, le rendait perplexe, qu'il y voyait comme une sorte d'inconvenance. Oui, il avait l'air de trouver incongru et malséant qu'un président de la République se mît à jouer les morts-vivants comme un vulgaire personnage de bandes dessinées, de la même manière qu'il aurait jugé déplacé que notre instituteur se mît à jouer aux billes ou aux osselets à la récréation ou nous défiât à qui pisserait le plus haut comme nous avions l'habitude de le faire entre nous à nos moments perdus.
(Une autre image que j'associe à celle de Pompidou, c'est, par le biais de leurs sourcils respectifs, celle d'Alain Peyrefitte: tous deux éminences du gaullisme, ils avaient l'un et l'autre des sourcils anormalement fournis, si bien qu'on se prenait à penser qu'il existait on ne savait pas trop quel rapport de cause à effet entre leur qualité de gaulliste et leur pilosité supraciliaire, comme si cette dernière avait été quelque signe secret auquel, tels les membres d'une société secrète, les partisans du Général étaient convenus de se reconnaître entre eux).
Le lendemain de la mort de Pompidou, à l'école, notre instituteur consacra une petite heure à la mémoire du président défunt.
L'un de mes camarades leva la main: il avait entendu dire au journal télévisé que Pompidou était "mort debout", par quoi il fallait entendre bien évidemment que, malgré sa maladie, il avait exercé ses fonctions jusqu'à la fin. Mais cette expression l'avait frappé: je crois qu'elle évoquait pour lui l'image d'un mort qui resterait en station debout, bref un de ces phénomènes qu'on voit habituellement dans les films d'horreur. Et je sentis à la façon dont il posa sa question qu'un tel comportement, venant d'un président de la République, le rendait perplexe, qu'il y voyait comme une sorte d'inconvenance. Oui, il avait l'air de trouver incongru et malséant qu'un président de la République se mît à jouer les morts-vivants comme un vulgaire personnage de bandes dessinées, de la même manière qu'il aurait jugé déplacé que notre instituteur se mît à jouer aux billes ou aux osselets à la récréation ou nous défiât à qui pisserait le plus haut comme nous avions l'habitude de le faire entre nous à nos moments perdus.
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