"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


lundi 9 mars 2009

Naufrage

Certaines oeuvres écrites entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle semblent nous offrir le produit précieux de distillations intellectuelles séculaires, atteignant à un degré de concentration de la pensée dont nous n'avons même plus l'idée. Peut-être vivons-nous l'épilogue d'un âge où il nous est encore au moins donné d'être conscients que nous sommes devenus bien plus idiots que ceux qui nous ont précédés. Bientôt le souvenir et tout à la fois le souci de cette excellence auront disparu pour de bon; ce sera l'avènement tant attendu de la bêtise infiniment satisfaite d'elle-même. Dans ce naufrage de la culture au sens le plus fort du terme, non seulement les réponses anciennes auront sombré - ce ne serait pas si grave au fond - mais aussi jusqu'aux questions auxquelles elles s'efforçaient de répondre, et dont la formulation avait exigé tant d'efforts de tant d'esprits supérieurs. Car il est à la portée de tout le monde de trouver des réponses, mais c'est une tâche au-dessus des forces du plus grand nombre que de poser les bonnes questions. A telle enseigne qu'on peut penser qu'une vraie culture pourrait se définir comme un répertoire de questions dignes d'être posées.

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