C'est entendu, comme je le disais dans le billet précédent, il existe de bad good books et, de façon plus générale, dans tous les arts, de bad good works, en d'autres termes des oeuvres dont la tradition, la critique etc. nous disent qu'il s'agit de chefs-d'oeuvre, mais dont nous finissons par nous avouer (non sans quelques tourments et sentiments de culpabilité, tant la pression de la tradition et du bon goût consacré peut être forte), dont nous finissons par nous avouer qu'elles nous font souverainement chier, quelque application que nous mettions à les apprécier.
Leopardi ose se demander quelque part dans son Zibaldone s'il est bien certain que nous reconnaîtrions dans l'Orlando Furioso un chef-d'oeuvre impérissable et, surtout, si nous prendrions du plaisir à sa lecture, n'était le jugement consacré par une tradition séculaire selon lequel l'Orlando Furioso est un chef-d'oeuvre impérissable à la lecture duquel il n'est même pas concevable qu'on ne prenne pas plaisir.
Pour ce qui est du cinéma, le grand Jacques Lourcelles cite dans la préface de son dictionnaire du cinéma je ne sais plus quel critique qui parlait de "classiques de l'ennui", au sujet de certains films des débuts du cinéma que chacun fait semblant d'admirer tout en mourant d'ennui à leur projection.
Le contraire peut arriver. Je n'ai vu La Règle du jeu de Renoir pour la première fois qu'à l'age de trente-cinq ans. L'avouerai-je? je m'apprêtais à le faire plus par acquit de conscience culturelle qu'autre chose. Or cinq minutes suffirent pour me faire comprendre que j'avais affaire à un chef-d'oeuvre véritable, d'une incroyable virtuosité, bref: a good good movie-picture.
Il existe des cas plus subtils. Ce sont des oeuvres dont nous reconnaissons le statut de chef-d'oeuvre, mais qui ne nous ennuient pas moins pour autant.
Je me souviens d'avoir été littéralement déchiré en voyant Breaking the Waves de von Trier au cinéma il y a une dizaine d'années de cela. J'étais tout à fait conscient que ce film était un chef-d'oeuvre, et j'en suis encore convaincu alors que j'écris ces lignes d'ailleurs, et pourtant je ne tenais pas en place sur mon siège, j'aurais voulu quitter la salle immédiatement, je ne pensais qu'à ce que j'allais manger et boire au restaurant du coin en sortant, le plus tôt serait le mieux.
Il est vrai aussi que nous ne sommes jamais un moi culturel désincarné, ce moi culturel enfonce ses racines dans notre moi tout court, lequel dépend de multiples contingences, comme la fatigue ou la faim, surtout quand, assis dans un cinéma, on se remémore les plats qui figurent au menu du restaurant d'à côté.
Leopardi ose se demander quelque part dans son Zibaldone s'il est bien certain que nous reconnaîtrions dans l'Orlando Furioso un chef-d'oeuvre impérissable et, surtout, si nous prendrions du plaisir à sa lecture, n'était le jugement consacré par une tradition séculaire selon lequel l'Orlando Furioso est un chef-d'oeuvre impérissable à la lecture duquel il n'est même pas concevable qu'on ne prenne pas plaisir.
Pour ce qui est du cinéma, le grand Jacques Lourcelles cite dans la préface de son dictionnaire du cinéma je ne sais plus quel critique qui parlait de "classiques de l'ennui", au sujet de certains films des débuts du cinéma que chacun fait semblant d'admirer tout en mourant d'ennui à leur projection.
Le contraire peut arriver. Je n'ai vu La Règle du jeu de Renoir pour la première fois qu'à l'age de trente-cinq ans. L'avouerai-je? je m'apprêtais à le faire plus par acquit de conscience culturelle qu'autre chose. Or cinq minutes suffirent pour me faire comprendre que j'avais affaire à un chef-d'oeuvre véritable, d'une incroyable virtuosité, bref: a good good movie-picture.
Il existe des cas plus subtils. Ce sont des oeuvres dont nous reconnaissons le statut de chef-d'oeuvre, mais qui ne nous ennuient pas moins pour autant.
Je me souviens d'avoir été littéralement déchiré en voyant Breaking the Waves de von Trier au cinéma il y a une dizaine d'années de cela. J'étais tout à fait conscient que ce film était un chef-d'oeuvre, et j'en suis encore convaincu alors que j'écris ces lignes d'ailleurs, et pourtant je ne tenais pas en place sur mon siège, j'aurais voulu quitter la salle immédiatement, je ne pensais qu'à ce que j'allais manger et boire au restaurant du coin en sortant, le plus tôt serait le mieux.
Il est vrai aussi que nous ne sommes jamais un moi culturel désincarné, ce moi culturel enfonce ses racines dans notre moi tout court, lequel dépend de multiples contingences, comme la fatigue ou la faim, surtout quand, assis dans un cinéma, on se remémore les plats qui figurent au menu du restaurant d'à côté.
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