"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


jeudi 8 janvier 2009

Etudiants iants iants

Libération est décidément un journal impayable. Il n'aura échappé à personne, je pense, que pour bien comprendre les prises de position de ce quotidien, ce sont uniquement les lunettes du marketing qu'il faut chausser. Libération est ce journal dont ce qu'on appelle le target dans le lexique du marketing est la classe moyenne de gauche, étant entendu que la gauche dont il est question ici ne se définit pas par un projet économique mais uniquement par un certain nombre de tropismes au sujet de questions dites sociétales etc. Bref, la raison d'être de Libération (et le mandat que le journal a reçu de ses bailleurs de fonds), c'est non pas de défendre des principes et encore moins de rapporter le plus honnêtement possible des faits (quelle vulgarité! y songez-vous? des principes? des faits? c'est bon pour les gogos), mais bien d'exploiter cette petite niche de marché, cette classe moyenne de gauche dont je parlais plus haut, en la flattant dans le narcissisme collectif auquel elle est déjà tellement portée par nature. Mais, en hommes d'affaires prévoyants, les hommes qui président aux destinées de l'organe de la gauche bien-pensante savent aussi penser à l'avenir. Car il faut commencer à cultiver dès à présent les lecteurs de demain. C'est chez les lycéens, et notamment dans la partie la plus activiste de la population lycéenne, qu'ils pensent voir un vivier de futurs clients, du moins si j'en crois la façon dont à la moindre "grève" de lycéens (je mets des guillemets car, sans vouloir désavouer le lycéen que j'ai été, et qui a participé à quelques uns de ces mouvements, je pense qu'il vaut mieux réserver le terme de grève pour désigner l'action de travailleurs cessant de travailler et s'exposant ainsi à la perte de leur salaire), Libération essaie pathétiquement de se faire leur porte-parole pour attirer l'attention de ces jeunes dont il espère ainsi se faire des fidèles. C'est ainsi que Libération publie aujourd'hui un article intitulé "Les lycéens, nouvelle classe dangereuse?". Le motif: Un lycéen a séché les cours 70 (soixante-dix) demi-journées depuis le début de l'année scolaire (autrement dit: n'avait pas mis les pieds en classe). Il a par ailleurs l'un des leaders du mouvement lycéen en décembre. Il a été exclu de son lycée pour ses absences par un conseil de discipline. Furieux de cette décision, il a déclaré au proviseur de son lycée qu'il allait "cramer" le lycée. Le proviseur a porté plainte pour ces menaces. La police a commencé d'enquêter et a placé ledit lycéen en garde à vue. Je suis contre toute forme de pénalisation de mouvements politiques, même de ceux que je réprouve. Je crois que l'action pénale dans les affaires politiques ne doit réellement être qu'une ultima ratio, à adopter en présence de voies de fait caractérisées et non pas de déclarations, si incendiaires soient-elles (c'est le cas de le dire). Mais la façon dont Libération monte ce fait divers en épingle me semble absolument pathétique. Les lycéens ne sont ni - négativement - la nouvelle classe dangereuse, ni - positivement - je ne sais quelle avant-garde politique. Les lycéens sont des gamins en quête d'émotions fortes, qu'ils peuvent trouver à l'occasion en se croyant le fer de lance de la Révolution. Laissons-les jouer mais ne nous mêlons pas à leurs jeux. Ce n'est pas de notre âge.

Aucun commentaire: